VALéRIE HAYER FACE à JORDAN BARDELLA : PREMIER DUEL AU SOMMET SUR BFMTV

Accusé de fuir les débats, Jordan Bardella attend la grande confrontation avec une impatience non dissimulée. La tête de liste RN, archi-favorite pour ces élections européennes, donnée autour de 31 % dans les sondages, affronte, ce jeudi 2 mai, Valérie Hayer en débat sur BFMTV. Une adversaire de la majorité bien plus à la peine (autour de 17 %), qui voit revenir dans son dos la menace Raphaël Glucksmann, en dynamique dans les sondages.

Ce débat est « un rendez-vous important », a confié ce mercredi Bardella à Perpignan, avant son grand meeting. Raison simple : il incarne peu ou prou ce que le jeune patron du RN essaie de raconter depuis le début de sa campagne, en septembre dernier, une « élection de mi-mandat », qui permettrait au RN de se sentir pousser des ailes en prévision de 2027. Alors, le patron frontiste a décidé de prendre les choses au sérieux. Il s’est entouré de ceux qui comptent, lundi matin au siège parisien du RN, pour trois heures de réunion dédiée principalement à ce match.

Autour de lui : son directeur de campagne Alexandre Loubet, le secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée Renaud Labaye et son président délégué Jean-Philippe Tanguy, Philippe Olivier, eurodéputé et beau-frère-conseiller de Marine Le Pen. Et la patronne elle-même évidemment. En bonus : deux membres des « Horaces », ce cabinet secret composé d’experts en tous genres (hauts fonctionnaires, cadres d’entreprises…), pour blinder Bardella sur les questions de fond.

« Ça ne sera pas projet contre projet, mais bilan contre projet »

Le fond, voilà justement ce que les équipes de Valérie Hayer vont tenter de mettre en avant jeudi soir. « Ce n’est pas un bilan qu’il a, c’est un dépôt de bilan », lance une figure de la majorité. « Ça ne sera pas projet contre projet, mais bilan contre projet », ripostait Jordan Bardella devant une trentaine de journalistes ce mercredi avant son meeting. Pour les départager, BFMTV a prévu plusieurs séquences. Quelques questions d’actualité. Puis des échanges sur quatre thématiques : l’Ukraine et la défense, l’agriculture et l’écologie, le pouvoir d’achat, l’énergie et l’Europe sociale. Et enfin l’immigration. Les deux candidats concluront en utilisant une carte blanche, chacun des deux adversaires pouvant choisir leur thème de prédilection.

Encore largement méconnue du grand public, Valérie Hayer l’est aussi du Rassemblement national. Plusieurs cadres RN ont revisionné son débat face à Marion Maréchal, le 8 avril dernier. « Je voulais observer sa posture, l’écouter. Est-elle plus technique ou politique ? » confie un participant. Ce sera, en effet, l’un des enjeux de ce débat. Une opposition de style entre la bête télévisuelle et la technicienne. Outsider, une position pas forcément si délicate à l’approche d’un tel débat. « Les attentes concernant notre candidate sont faibles, estime un acteur de la campagne. Il nous suffit d’un uppercut qui fasse chanceler Bardella… »

Valérie Hayer, qui arpente les plateaux télé depuis peu de temps, peut-elle y parvenir ? Beaucoup se disent que sa maîtrise des dossiers pourrait grandement l’aider. « Elle fait ce qu’elle peut avec l’expérience médiatique qui est la sienne, glisse un député. Vu le nombre de cadors ayant refusé d’y aller et le concours de planqués depuis le début de la campagne, elle n’a aucune leçon à recevoir. »

« Il faut y aller tranquillement, en restant sur le fond »

Son entourage rêve de la voir démontrer « l’incompétence et la superficialité » de Jordan Bardella. Parmi les angles d’attaque identifiés au sein de la majorité, bien entendu, la très grande discrétion de la tête de liste au Parlement européen mais aussi les votes de ses troupes. « Comment être crédible quand vous ne votez pas le plan de relance, quand vous dites être contre l’immigration mais que vous votez contre le pacte migratoire ? » interroge un dirigeant de la majorité. Mais, jurent-ils, la préparation de ce rendez-vous n’a pas accaparé l’activité des derniers jours. « On travaille le moment sérieusement. Mais on ne va pas non plus arrêter de faire campagne pour un débat d’une heure. »

Au sein de l’équipe Bardella, on se dit qu’il ne faudra sans doute pas se montrer trop agressif. « Elle n’est pas irritante, pas arrogante. Donc, ça ne sert à rien de lui rentrer dedans. Il faut y aller tranquillement, en restant sur le fond », analyse notre participant à la session de vidéo. « On veut déjouer ses arguments sur le fait que Jordan ne travaille pas, montrer qu’il est solide sur le fond de ses dossiers », appuie un cadre RN, présent à la préparation de lundi. « Il faut faire attention aux mots choisis… », avait d’ailleurs glissé Bardella devant la petite assistance ce jour-là. Histoire d’éviter tout procès en sexisme.

Mais le débat que le président du Rassemblement national attend le plus, c’est bien celui qui l’opposera au Premier ministre Gabriel Attal. Réticent au départ, le Premier ministre a décidé de passer la seconde dans une campagne qui ne décolle pas. Certains cadres de la majorité craignent déjà le pire. « Les Français aiment les duels électoraux, assure l’un d’eux. C’est un enjeu de ne pas se faire doubler par Glucksmann. Dans un match à trois, le troisième finit toujours par disparaître. »

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