ANTISéMITISME : IL AVAIT REFUSé UNE COURSE à UNE FAMILLE JUIVE, UN CHAUFFEUR DE TAXI CONDAMNé

Le tribunal judiciaire de Créteil (Val-de-Marne) a condamné un chauffeur de taxi lundi 6 mai 2024. Il a écopé de huit mois de prison avec sursis pour antisémitisme. Le 11 octobre 2023, quatre jours après l’attaque du Hamas en Israël, il avait refusé de prendre en charge une famille à son arrivée à l’aéroport d’Orly.

Un chauffeur de taxi a été condamné, lundi 6 mai 2024, à huit mois d’emprisonnement avec sursis par le tribunal judiciaire de Créteil (Val-de-Marne). Il a été reconnu coupable de menaces de mort et de discrimination commises en raison de la religion, indique l’AFP. Le 11 octobre 2023, quatre jours après l’attaque sanglante du Hamas en Israël, il avait refusé de prendre en charge et proféré des menaces antisémites visant une famille à son arrivée à l’aéroport d’Orly.

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« Je ne te prendrai pas toi et ta famille, sale juif », aurait notamment lancé le chauffeur, selon les déclarations du père de cette famille, tout juste revenue d’Israël. Il aurait ensuite proféré des menaces de mort envers le père, sa femme et ses enfants. La victime n’a pas porté plainte par peur de représailles, d’après les avocats des associations représentées à l’audience.

Deux versions des faits

Malgré les témoignages concordants de l’agent régulateur de taxis et d’un autre chauffeur qui a pris en charge la famille, le prévenu a nié les faits lors de l’audience, note l’AFP« Ce dossier repose quasi essentiellement sur la parole de [la victime] qui n’est pas présente aujourd’hui, ce que je déplore », a commenté la procureure lors de ses réquisitions. « Mais pourquoi [la victime] serait allée dénoncer ce genre de faits si ça ne s’était pas passé ? », a interrogé le ministère public.

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L’audience n’a pas permis d’éclaircir pourquoi les versions des parties différaient tant. Car de son côté, le chauffeur de taxi assure que l’altercation est survenue parce que la victime était « pressée », qu’elle l’aurait insultée et lui aurait adressé des gestes vulgaires. « Les faits sont ultra-constitués. La question qui se pose est : quelle doit être notre attitude face à cette recrudescence d’actes antisémites ? », a tonné Me Franck Serfati, avocat de l’Organisation juive européenne (OJE).

« Une affaire sociétale »

De par sa proximité avec l’attaque sanglante du Hamas le 7 octobre, le dossier a revêtu dès son origine un caractère médiatique et sensible. Mais lors de sa plaidoirie, l’avocat du prévenu a dit « refuser de succomber à la tension » liée au contexte. « Les réquisitions et les parties civiles essayent de faire écho à cette situation horrible, et de montrer [le prévenu] comme l’illustration de cet antisémitisme », a affirmé Me Boris Rosenthal, cité par l’AFP.

« Les communautés juives françaises ont peur, on a peur, c’est vrai », a poursuivi l’avocat, notant lui aussi les actes et les mots antisémites « décuplés » depuis l’attaque du Hamas. Mais il a exhorté le tribunal à ne pas faire du dossier « une affaire sociétale » plutôt que « pénale ». Outre sa peine de prison avec sursis, son client a été condamné à l’inéligibilité pendant trois ans et à effectuer un stage de citoyenneté. Le tribunal ne lui a cependant pas interdit d’exercer sa profession, comme requis par le ministère public.

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