ELECTIONS EUROPéENNES : LE RN PIQUE DES IMAGES à DES éTUDIANTS EN éCOLE DE JOURNALISME POUR UN CLIP DE CAMPAGNE

A première vue, il ne s’agit que d’un simple clip de campagne pour les élections européennes du Rassemblement national (RN) posté sur Instagram et Twitter, le jeudi 18 avril au soir. Sauf qu’en regardant de plus près, on remarque un commentaire d’un étudiant de l‘Institut de journalisme Bordeaux Aquitaine (IJBA), qui affirme qu’une partie des images de ce clip est, en réalité, issue d’une émission réalisée dans son école. Dans ce post, un lien vers la vidéo d’origine : on y voit effectivement les mêmes images.

Les images qui nous intéressent sont tournées à Bordeaux, en Gironde. Trois jeunes avec Macron y distribuent des tracts aux passants pour faire connaître leur «tête de liste», Valérie Hayer «bien moins connue que son rival du RN» Jordan Bardella, selon la voix off. A la quatrième minute, une référente départementale girondine Jeunes avec Macron, portant des lunettes et habillée d’un long manteau quadrillé, demande à deux jeunes passants s’ils sont au courant que les élections européennes approchent. Ce à quoi, l’un d’entre eux répond «Bardella» à trois reprises.

Cette séquence est extraite d’une vidéo publiée sur le site de l’école le 15 avril. Réalisée par les étudiants en Master 2 de l’IJBA, elle traite de l’abstention chez les jeunes en vue des élections européennes. Jusqu’ici, rien de spécial. Sauf qu’elle réapparaît trois jours après dans le clip de campagne du RN, immédiatement suivie de moments où Jordan Bardella apparaît auprès de fans, qui lui crient leur amour : «Jordan, je t’aime !» «Moi aussi je vous aime», répond-il.

Des étudiants «choqués par cette utilisation et ce détournement de leur travail»

Ces images proviennent donc bien d’une production des étudiants de l’école de journalisme, dont le travail est «sérieux, rigoureux et journalistique», précise Arnaud Schwartz, directeur de l’établissement. «On est dans un cas de figure de réappropriation et de resignification d’images sorties de leur contexte, qui est, hélas, un procédé malhonnête tellement répandu, explique-t-il. Cela est bien la preuve que quand on sort une information de son contexte, on peut la montrer sous un tout autre jour.»

«On étudie tout type d’action à mener, en privilégiant la piste juridique», a-t-il complété. Du côté des étudiants, Arnaud Schwartz affirme qu’«ils sont choqués par cette utilisation et ce détournement de leur travail.» Contacté à plusieurs reprises, le RN n’a pour l’heure pas donné suite à nos sollicitations.

Reprendre des images journalistiques sans la permission des auteurs revient à un acte de contrefaçon. Cela pourrait coûter cher au RN, qui s’expose à une condamnation pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement et à une amende de 300 000 euros, selon le site du ministère de l’Economie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.

Cette affaire fait écho à une autre. En mars 2022, Eric Zemmour avait été condamné par le tribunal de Paris pour «contrefaçon de droits d’auteur» dans le clip à travers lequel il avait annoncé sa candidature à l’élection présidentielle. Celui-ci était construit avec de nombreux extraits de films. Sans en demander les droits de réutilisation.

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