EMMANUEL MACRON à PROPOS DU LOUP : « LES BRAS NOUS EN TOMBENT », RéAGIT FRANCE NATURE ENVIRONNEMENT

Lors d’un déplacement jeudi dans l’Aveyron, le chef de l’État français a estimé qu’il fallait « prélever davantage » le loup pour protéger les éleveurs. Ce dossier « n’appelle aucune solution simpliste » répond l’association France nature environnement.

Faut-il abattre davantage de loups ? Oui, tranche Emmanuel Macron. « On ne va pas laisser le loup se développer et qu’il aille dans des massifs où il est en compétition avec des activités qui sont les nôtres », a plaidé le chef de l’État, jeudi 03 juillet 2025, lors d’un déplacement à Roquefort-sur-Soulzon, capitale aveyronnaise du fromage. « Ça veut dire qu’il faut, comme on dit pudiquement, le prélever davantage », a-t-il justifié, caressant les éleveurs dans le sens du poil et invitant les parlementaires à légiférer. Avec l’objectif de faciliter les tirs et d’empêcher la colonisation de ces prédateurs sauvages là « où il y a du pastoralisme », a précisé le chef de l’État. « On vous a demandé de protéger, de grillager, de prendre des chiens patous, et puis on vous a mis des pénalités lorsque les patous attaquaient les randonneurs : c’est Shadocks », a-t-il également déploré.

« Inapplicable »

« Les bras nous en tombent », réagit, éberlué, Jean-David Abel, pilote du réseau biodiversité à France nature environnement. Ce dossier « n’appelle aucune solution simpliste », insiste-t-il, condamnant la tentative du chef de l’État de court-circuiter la consultation en cours en France sur le déclassement de l’espèce de strictement protégée à protégée.

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Fin 2024, le comité permanent de la Convention de Berne a laissé le soin aux gouvernements de fixer des quotas de prélèvements. À condition qu’ils soient compatibles avec le maintien de la population « dans un état de conservation favorable ». Or, « les éleveurs, du Mercantour à la Savoie, en passant par le Vercors et le Queyras, savent très bien que ce que le Président affirme est inapplicable. Aucun des participants à la consultation ne réclame de zones exemptes de loups. Car la loi française ne peut s’exonérer du cadre européen », souligne Jean-David Abel.

« Ultime solution »

France nature environnement rappelle au passage que « deux cents loups sont abattus chaque année en France » et que la moyenne nationale des attaques diminue depuis plusieurs années. « Le tir, qui reste l’ultime solution lorsque la prévention a échoué, n’est pas une protection en soi », martèle l’association. Emmanuel Macron se comporte en « fossoyeur des loups et de tous les animaux sauvages pour mieux flatter les lobbies de l’élevage et de la chasse », déplore, pour sa part, l’association One Voice. « Plutôt qu’une loi visant à restreindre la présence de loups par des abattages systématiques, nos associations appellent à renforcer les dispositifs de protection des troupeaux, à mieux anticiper la présence du loup en accompagnant fortement les éleveurs et à promouvoir des politiques intégrant la biodiversité dans le pastoralisme», font savoir, dans un communiqué commun, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), l’Association protection des animaux sauvages (Aspas), Humanité & biodiversité et Ferus (protection et de conservation de l’ours, du loup et du lynx en France).

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« Commençons par lever la décision de restreindre l’envoi de la louveterie aux seules exploitations ayant subi au moins deux prédations dans les quatre derniers mois. Les éleveurs ne doivent en aucune manière être privés des moyens de protéger leurs troupeaux », réagit, de son côté, Arnaud Rousseau, président du syndicat agricole FNSEA.

« Pour ne pas répéter les mêmes erreurs depuis trente ans, il est important d’anticiper l’arrivée des loups dans tous les départements », souligne pour sa part la Confédération paysanne. Parvenir « à une gestion par la chasse risque de se borner à une régulation de population, au détriment des tirs ciblés sur les troupeaux prédatés » fait remarquer le syndicat.

2025-07-04T15:50:54Z