LE MAIRE DU BARCARèS, SURNOMMé LE « BALKANY DU SUD », EN PRISON POUR DES SOUPçONS DE CORRUPTION

Alain Ferrand, 64 ans, le maire du Barcarès, station balnéaire phare des Pyrénées-Orientales, a été interpellé en début de semaine par les forces de l’ordre à sa sortie d’avion, à l’aéroport de Montpellier Fréjorgues (Hérault). Selon des sources policières, l’édile à la réputation sulfureuse revenait de la République du Congo (Brazzaville). Lors de son arrestation, les enquêteurs ont découvert environ 30 000 euros en grosses coupures et 10 000 dollars, que l’élu transportait dans ses affaires de voyage et sur lui.

Celui que certains surnomment le « Balkany du sud » a été placé en détention provisoire mardi par le juge des libertés et de la détention après avoir été mis en examen hier pour « corruption par un élu public, favoritisme, prise illégale d’intérêt, participation à une association de malfaiteurs, blanchiment et transfert non déclaré de sommes provenant de l’étranger », selon un communiqué diffusé ce mercredi matin par le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone.

L’incarcération d’Alain Ferrand intervient dans le cadre d’un dossier d’information judiciaire ouvert à la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille, s’intéressant à la gestion des marchés publics relatifs aux villages de Noël de la commune du Barcarès entre 2012 et 2024. Ce gigantesque marché attire chaque année plus d’un million et demi de visiteurs face au paquebot ensablé le « Lydia ».

Selon le même communiqué, une autre personne, Michel Astaing, PDG du groupe k Invest, contrôlant la société Sas Nordika, a été mise en examen des chefs de corruption d’un élu public, recel de favoritisme et recel de prise illégale d’intérêt et placée sous contrôle judiciaire. Deux autres personnes ont été laissées libres à l’issue de leur garde à vue.

Signalement de l’association Anticor

En février dernier, Le Parisien-Aujourd’hui en France avait révélé que des perquisitions avaient eu lieu en octobre et décembre dernier à l’hôtel de ville du Barcarès et dans deux sociétés en lien avec la mairie ayant emporté des marchés publics pour les mêmes festivités. Ces investigations, menées par les enquêteurs de la Direction territoriale de la police nationale (DTPN) et de la section de recherche de la gendarmerie de Montpellier (Hérault), faisaient suite à un signalement de l’association Anticor 66 portant sur onze marchés publics passés entre 2018 et 2022 en vue de la réalisation de structures en bois pour le marché de Noël.

Près de 9 millions d’euros auraient été déboursés. Or, les investigations auraient révélé que les marchés en question étaient systématiquement attribués à une société gérée par un couple proche du maire. Pour l’anecdote, certains appels d’offres auraient été passés quelques jours seulement avant que les marchés soient remportés par cette même société. En outre, la même entité aurait déjà procédé à la construction d’un chalet sur une parcelle détenue par une SCI qui serait cogérée par le maire. Contacté, le cabinet montpelliérain de l’avocat Jean-Robert Nguyen Phung, qui défend l’élu avec Me Henry de Beauregard, n’avait pas donné suite à nos sollicitations en cette fin de matinée, ce mercredi.

Depuis son investiture en 1995, Alain Ferrand et son ex-épouse Joëlle Ferrand se partagent l’hôtel de ville, d’inéligibilité en inéligibilité. Une vraie saga. En 2011, Alain Ferrand avait repris son fauteuil à celle qui était à l’époque encore sa femme, condamnée pour des irrégularités dans des travaux de dragage du port. Plusieurs fois condamné et incarcéré, tantôt inéligible et bientôt jugé, le casier judiciaire d’Alain Ferrand n’en est pas moins aujourd’hui vierge grâce au système d’effacement des peines. Par ailleurs, l’élu est présumé innocent dans cette nouvelle affaire.

En mars dernier, l’élu devait être jugé devant le tribunal judiciaire de Perpignan mais l’audience avait été reportée. Déjà, une première affaire de marchés publics liés à l’organisation du marché de Noël. Le dossier avait déjà été reporté une première fois en 2023…

Malgré tous les démêlés judiciaires d’Alain Ferrand, les élus de l’agglo de Perpignan avaient voté, en novembre dernier, pour le maintien du maire du Barcarès en tant que premier vice-président.

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