THéVENOT, BERGé, EL HAïRY, BERVILLE… TENSIONS ET DéMISSIONS EN CASCADE DANS LES CABINETS MINISTéRIELS

Mais que se passe-t-il au sein des cabinets ministériels ? Ce lundi 6 mai, Marianne révélait que de nombreux collaborateurs de Hervé Berville étaient à cran en raison du comportement, jugé trop léger ou capricieux, du secrétaire d'État chargé de la Mer et de la Biodiversité. Mais le cas n'est pas isolé. Depuis la nomination du gouvernement de Gabriel Attal, en janvier dernier, on observe une série de démissions de conseillers de plusieurs ministres – notamment ceux issus de la jeune génération de cadres politiques de la Macronie, souvent militants En Marche de la première heure. Mi-avril, Marianne annonçait notamment que la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot enregistrait le départ concomitant de trois membres de son équipe : son « dircab », son adjointe et sa cheffe de cabinet.

Un mouvement qui s’est confirmé depuis puisque trois autres de ses collaborateurs ont claqué la porte de la rue de Grenelle la semaine dernière, selon un arrêté du Journal Officiel (JO) du 27 avril précisant qu’il a été « mis fin aux fonctions » de la conseillère spéciale de Prisca Thévenot, de sa conseillère « parlementaire et élus locaux », et de son conseiller « en charge de l’argumentaire ». Un chargé de mission leur a également emboîté le pas, rapporte Le Monde, portant à sept le nombre de départs dans l’équipe de Thévenot en l’espace de deux semaines – sur neuf membres de cabinet.

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Il faut aussi ajouter à cela la démission le 2 avril dernier de son conseiller « discours et opinion » Alexis Bétemps, mis en cause par une enquête de Mediapart sur son son passé de militant d'extrême droite et son attrait pour les idées soraliennes. En tout, pas moins de huit collaborateurs de Prisca Thévenot ont donc quitté le navire… quatre mois seulement après leur arrivée. Un record ! Et ce, même au sein des gouvernements d'Emmanuel Macron, qui nous ont pourtant habitués aux allers-retours de conseillers ministériels.

Faire « craquer son cabinet »

Plus récemment, c’était au tour de Sarah El Haïry d’être pointée du doigt pour des démissions au sein de son équipe ministérielle. Ce vendredi 3 mai, le journal Libération annonçait le départ d’au moins deux conseillères de la ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles. Celles-ci ont décidé de claquer la porte de son cabinet la semaine précédente, selon le quotidien. En cause ? Un management jugé « toxique » et un ministère « délaissé au profit de la campagne des municipales » à Nantes, rapporte les collaboratrices, tandis que la ministre par ailleurs réélue députée Modem en Loire-Atlantique en 2022 se défend de toute mauvaise pratique.

Et la liste ne s’arrête pas là au sein du gouvernement puisque début avril, Aurore Bergé était elle aussi épinglée par Le Canard enchaîné, l’accusant de faire « craquer son cabinet », en précisant que ce n’était « pas la première fois ». D'ex-collaborateurs de la ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations dénonçaient ainsi des « humiliations » à répétition, une « communication d’une grande cruauté », un « fonctionnement clanique » ou encore une « totale absence de limites sur les horaires ».

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Sur le fond, comment expliquer ces démissions en cascade ? Une première hypothèse peut être liée au rajeunissement – et donc à l’inexpérience – des ministres et, dans un même mouvement, de leurs conseillers. Plus jeune encore que le précédent gouvernement Borne, celui de Gabriel Attal – lui-même plus jeune Premier ministre de la Ve République – a une moyenne d’âge de 46 ans. De quoi générer une plus grande fragilité au sein des cabinets ministériels. Un manque d’expérience que l’on peut l’observer dans le cas de Prisca Thévenot.

Cette dernière a enchaîné les couacs depuis son accession au poste de porte-parole du gouvernement. Le 3 avril dernier, la trentenaire avait annoncé en sortie de Conseil des ministres qu'une « tentative de passage à l'acte » terroriste avait été déjouée à Pâques… avant de devoir rétropédaler sous la pression de Beauvau.

Une grave erreur de communication qui est intervenue juste avant la série de démissions qu’elle a connue au sein de son équipe en avril. « Cette erreur n'a rien à voir avec ces départs », nous assurait-on pourtant du côté de l'exécutif.

Quitter le navire avant qu'il ne coule

Par ailleurs, la jeune génération de collaborateurs n’est peut-être plus prête à tout accepter, alors que ces trois exemples au sein de cabinets ministériels font état de lourds problèmes de management. « Il n’y avait pas de limites », témoignait auprès du Canard enchaîné une ex-collaboratrice d’Aurore Bergé… qui a connu pas moins de cinq démissions en l’espace de six mois depuis son entrée au gouvernement le 20 juillet 2023. L’article du 10 avril dernier fait directement référence à la « violence » exercée par l'ancienne députée des Yvelines. « Je n’ai jamais été aussi humilié par quelqu’un », précise un ex-conseiller, par ailleurs « habitué des cabinets ministériels ».

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Bien sûr, ces départs sont aussi à rattacher à l’installation d’une ambiance fin de règne, liée à la lente déliquescence du macronisme. Beaucoup pensent déjà à la suite. À commencer par Sarah El Haïry ? Dans son article concernant les récentes démissions au sein de son équipe, Libération pointe « le sujet nantais » qui déborderait sur sa mission.

Et pour cause, la ministre déléguée chargée de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles – et conseillère municipale à Nantes – mettrait « tout en marche pour conquérir la mairie. Il y a un mélange des genres assez dangereux. Elle pourrait faire quelque chose avec cet immense ministère, mais elle pense trop à Nantes », estime un ex-conseiller.

Côté collaborateur, on peut également être tenté de quitter le navire avant qu’il ne coule… D’autant plus lorsqu’un passage en ministère peut constituer un frein pour le reste de sa carrière. Ainsi, le rôle exercé par la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) peut décourager en envisageant la suite de son parcours. « La HATVP bloque pendant trois ans toute reconversion sur les dossiers sur lesquels tu as travaillé. Or c’est justement sur ces thèmes que tu as une expérience à vendre dans le privé », détaillait un conseiller ministériel auprès de Marianne. On peut donc comprendre aisément l’intérêt d’entrer assez jeune dans un cabinet… Ou d’en claquer la porte assez tôt pour ne pas être pénalisé.

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