«DANS LE BROUHAHA DE NOS INDIGNATIONS FACILES, LE SILENCE DANS LEQUEL 1200 ISRAéLIENS ONT éTé MASSACRéS EST ASSOURDISSANT»: LE MESSAGE FORT DE SOPHIA ARAM AUX MOLIèRES

Animée par l'humoriste Caroline Vigneaux, la cérémonie des Molières qui se tenait, lundi soir, aux Folies Bergère a passé en revue tous les maux qui rongent le spectacle vivant. Et quelques-uns des sujets qui agitent la société. Sur scène, la chroniqueuse de France Inter Sophia Aram a fait preuve d’un peu plus d’humour que les autres. Logique, puisqu’elle recevait le Molière du meilleur spectacle d’humour pour Le Monde d'après, un spectacle qui tire à vue sur les populistes, les complotistes et autres «timbrés», pour reprendre ses termes.

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La meilleure ennemie de Cyril Hanouna a décidé d’éprouver son ironie. «J’aimerais tellement faire de cet instant un moment léger, inclusif et bienveillant - tout nous -, un moment de tendresse entre théâtre privé et théâtre public ou, je ne sais pas, un moment de réconciliation entre Rachida Dati et Kebab, le chien de Gabriel Attal...», plaisante-t-elle. La caméra de France 2 filme opinément le visage de la ministre, qui lâche une moue amusée. Ses voisins Jean-Marc Dumontet, le président de l’Académie des Molières, et Delphine Ernotte, la patronne de France Télévisions, esquissent des sourires. Nagui, derrière eux, s’esclaffe.

Le «silence» d’après le 7-Octobre

Sophia Aram fait référence à un message supposément envoyé par la ministre de la Culture au premier ministre, en mars dernier. «Je vais transformer ton chien en kebab», aurait écrit, selon Le Monde, Rachida Dati à Gabriel Attal, alors que le budget de la Culture risquait d'être amputé de 200 millions d'euros. Mais la chroniqueuse d’Inter n’est pas à la page. La ministre et le chow-chow noir (il s’appelle Volta, en réalité) ont déjà eu l’occasion de se réconcilier à l’occasion d’un «apéritif canin» organisé à la mairie du 7e arrondissement...

La prise de parole de Sophia Aram prend ensuite une autre tournure. «Comme je suis prudente, je me contenterai d’un message de service. Nous qui partageons la liberté de pousser un cri sur toutes les scènes de France, ou de hurler nos indignations sur tout et n’importe quoi dans des tribunes, dont la plupart sont cosignées par Annie Ernaux ... Je pense que nous devrions aussi faire attention à nos silences. Dans le brouhaha de nos indignations faciles, le silence, même relatif, après le 7 octobre, dans lequel 1.200 Israéliens ont été massacrés, est assourdissant.»

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«Comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ? Comment exiger d'Israël un cessez-le-feu sans exiger la libération des otages israéliens ? Comment réclamer le départ de Nétanyahou sans réclamer celui du Hamas ?», s’interroge alors la chroniqueuse de France Inter, largement applaudie par la salle des Folies Bergère. Israël, Iran, #MeToo et CGT, cette 35e Nuit des Molières était plus politique que jamais.

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