Des goûts et des couleurs. Le président du Salvador n’a pas vraiment aimé le défilé du styliste Willy Chavarría à la Fashion Week de Paris, qu’il a interprété comme un hommage aux membres de gangs emprisonnés dans son pays. Le créateur de mode américain d’origine mexicaine a fait défiler vendredi des mannequins habillés de t-shirts et shorts blancs, agenouillés, mains dans le dos — en référence aux migrants clandestins expulsés des États-Unis sous l’administration Trump. Une séquence qui n’a pas échappé à Nayib Bukele, tant les tenues rappelaient celles imposées aux détenus de son Centre de Confinement du Terrorisme (Cecot). Cette gigantesque prison de haute sécurité a été inaugurée en 2023 par le jeune président dans le cadre de sa guerre contre les maras, ces puissants gangs criminels qui gangrenaient le pays.
« Nous sommes prêts à les envoyer à Paris dès que nous recevrons le feu vert du gouvernement français », a-t-il ironisé sur les réseaux sociaux, en republiant la vidéo du show. Le Secrétariat de presse de la présidence a, de son côté, dénoncé un « hommage aux criminels emprisonnés au Cecot », tout en saluant la « position ferme » de Nayib Bukele.
Depuis mars 2022, le Salvador vit sous état d’urgence. Le régime d’exception permet l’arrestation sans mandat et a conduit, selon les autorités, à plus de 86 000 interpellations. Environ 8 000 personnes ont été remises en liberté après avoir été reconnues innocentes. Des ONG dénoncent une surveillance maintenue sur ces anciens détenus et de multiples abus. « Je me fiche qu’on me traite de dictateur », a-t-il balayé le 1er juin dernier lors d’un discours à la nation. « Je préfère qu’on me traite de dictateur plutôt que de les voir tuer des Salvadoriens dans les rues », a-t-il insisté.
Malgré les critiques des défenseurs des droits humains, la politique sécuritaire de Bukele continue de bénéficier d’un large soutien dans l’opinion salvadorienne, les homicides ayant atteint leur plus bas niveau historique. Le « dictateur le plus cool du monde », comme il s’est surnommé par le passé, mène une lutte sans merci contre les narcotrafiquants et l’insécurité. En 2019, le nombre d’homicides culminait à 87 pour 100 000 habitants ; en 2023, il était tombé à 2,41 pour 100 000 habitants.
2025-06-29T07:00:32Z