UN RICHE TOMBEAU POURRAIT FAIRE LA LUMIèRE SUR UNE ANCIENNE CIVILISATION QUI VIVAIT EN CHINE IL Y A PLUS DE 2 200 ANS

Dans l'est de la Chine, les recherches se poursuivent dans le luxueux tombeau vieux d'au moins 2 200 ans récemment décelé. Il pourrait avoir appartenu à un empereur du lointain État de Chu, souverain qui aurait régné pendant une période critique de l'histoire chinoise.

Avant l'unification de la Chine sous la dynastie Qin, durant la période des Royaumes combattants (475-221 av. J.-C.), sept États se disputaient le pouvoir. L'État de Chu, connu pour sa puissance militaire et culturelle – et ses luttes constantes avec ses voisins pour le contrôle des territoires l'empire du Milieu – était l'un d'entre eux.

De cette période, les dernières fouilles archéologiques permettent d'en apprendre davantage : près de Huainan (province de l'Anhui, est de la Chine), les spécialistes viennent d'identifier l'un des plus grands et plus complexes tombeaux jamais découverts de l'État de Chu, a annoncé l'agence de presse chinoise Xinhua le 20 avril 2024.

Le tombeau de Wuwangdun et ses trésors archéologiques

Les archéologues ont passé les quatre dernières années à fouiller le tombeau de Wuwangdun, près de Huainan, l'un des plus grands sites archéologiques de l'État de Chu. Un cimetière s'étendant sur 1,5 kilomètre carré y avait déjà été décelé. Plus de 1 000 reliques culturelles ont nouvellement été mises au jour : des artefacts laqués, dont des sculptures de têtes jamais auparavant retrouvées dans un tombeau chinois ; des vases rituels en bronze ; des instruments de musique ; des objets d'usage quotidien ; et surtout, un cercueil central, inscrit de plus de 1 000 caractères.

Laques découvertes dans la tombe de Wuwangdun à Huainan (Anhui, Chine).  AFP / Anhui provincial cultural relics / XINHUA / Xinhua

Les analyses suggèrent que le tombeau remonte à la dernière phase de l'État de Chu, vers 220 av. J.-C. Son système féodal était alors dans une période critique, sous l'influence de l'État de Qin.

Ce dernier a finalement été le "grand vainqueur" des sept États en guerre (Qin, Han, Wei, Zhao, Qi, Chu et Yan). Son unification ultérieure du pays, sous un seul gouvernement centralisé, est officiellement considérée comme le début de la Chine moderne – et de son ère impériale, qui a vu dix-huit dynasties se succéder jusqu'à la chute en 1912 de la dernière, la dynastie Qing.

Le propriétaire de cette riche sépulture, une identité secrète

De par son ampleur, sa complexité et son riche contenu, les chercheurs estiment que la sépulture antique est la plus importante de l'État de Chu découverte à ce jour, ce qui suggère qu'elle appartenait probablement à l'un de ses anciens empereurs. Si son identité n'a pas encore été révélée par l'Administration nationale du patrimoine culturel de la Chine, cité par Xinhua – les recherches sont encore en cours –, une experte semble avoir une hypothèse sur le souverain.

N'ayant pas participé aux fouilles, Margarete Prüch, archéologue et historienne de l'Institut d'histoire de l'art de l'Asie orientale de l'université de Heidelberg (Allemagne), a déclaré à LiveScience qu'elle avait discuté du tombeau avec des universitaires en Corée.

En 202 av. J.-C., l'État Chu était sous le règne des successeurs de Qin, les Han, indique-t-elle. Or, quelques années plus tard, en 194 av. J.-C. un État vassal des Han, l'État de Yan, prend le contrôle de la partie nord de la Corée. Les tombes chinoises de cette époque sont donc significatives dans le pays du Matin calme.

Pour la spécialiste, en accord avec ses collègues coréens, il est donc probable qu'il s'agisse du tombeau du roi Kaolie de Chu, vingt-deuxième roi de l'État de Chu. Ayant régné de 262 à 238 av. J.-C., il fut le chef d'une alliance de cinq des royaumes combattants, unis (sans succès) pour lutter contre un État de Qin montant. "La structure du tombeau et les objets funéraires sont exceptionnels et apporteront des approches nouvelles et fraîches au domaine", ajoute-t-elle à nos confrères.

Un regard nouveau sur l'État de Chu et son histoire

Qu'il s'agisse ou non réellement de la sépulture de Kaolie de Chu, "les découvertes peuvent fournir une image globale des conditions politiques, économiques, culturelles, technologiques et sociales de l'État de Chu à l'époque des Royaumes combattants", s'enthousiasme auprès de l'agence de presse chinoise le chercheur Xicheng Gong, archéologue de l'Institut provincial de recherche sur les reliques culturelles et l'archéologie de l'Anhui, qui a dirigé l'excavation. "[Elles] peuvent nous aider à comprendre son évolution historique ainsi que la formation d'une nation unifiée et de sa culture."

Selon son équipe, seul un tiers des travaux sur le tombeau ont pour le moment été réalisés. L'étude des premières (et nombreuses) reliques déjà extraites a été réalisée sur le site, dans un laboratoire à faible teneur en oxygène pour préserver au mieux ces trésors vieux de 2 200 ans.

En plus des mesures d'enregistrement traditionnelles, la numérisation, le levé et la cartographie numériques ont été employés pour créer un modèle 3D précis des lieux. Les caractères sur le couvercle du cercueil ont quant à eux été enregistrés avec une technologie d'imagerie infrarouge. Zhiguo Zhang, autre chercheur impliqué dans les fouilles, conclut, interrogé par Xinhua :

L'excavation et le travail de protection du tombeau de Wuwangdun seront menés simultanément, et diverses mesures scientifiques et technologiques seront utilisées afin que la valeur archéologique du tombeau soit clairement et intégralement présentée.
Disposition du cercueil extérieur de la tombe principale de Wuwangdun à Huainan (Anhui, Chine).  AFP / Anhui provincial cultural relics / XINHUA / Xinhua

2024-05-03T18:33:48Z dg43tfdfdgfd