LA PREMIèRE VéRITABLE ARIANE 6 SE DéVOILE, ET LES NOUVELLES SONT BONNES !

Le corps central d'Ariane 6 et ses deux boosters consacrés au premier vol sont à l'assemblage © ESA / M.Pedoussaut

ArianeGroup et l'agence spatiale européenne l'avaient annoncé, la fenêtre du tir inaugural d'Ariane 6 s'ouvrira le 15 juin. Cette fois, la fusée est au rendez-vous et déjà à la verticale au Centre spatial guyanais. Une campagne qui se double de bonnes nouvelles en provenance d'Europe. Vite, le secteur en a bien besoin !

Il faut bien l'écrire, ces cinq dernières années, Ariane 6 a plus fait parler d'elle pour ses retards que pour de bonnes nouvelles. Malgré tout, la longue campagne d'essais combinés, au cours de laquelle les équipes du CNES, d'ArianeGroup et de l'ESA ont répété les opérations liées à l'assemblage et au lancement de la fusée, paie ses dividendes aujourd'hui. Car depuis le mois de février, on parle bien des éléments d'une Ariane 6 « de vol » qui sont aux derniers stades de préparation. Il n'y a plus le droit à l'erreur.

Depuis quelques jours, les progrès sont rapides, et surtout bien visibles. Les deux étages centraux sont assemblés sur leur site de lancement, avec les deux boosters à poudre qui vont l'aider à grimper rapidement dans le ciel. Et malgré une inquiétude bien compréhensible sur le résultat du vol à venir, tous les échos qui parviennent actuellement du Centre spatial guyanais sont nimbés de confiance.

Des tests en attendant le dénouement proche

Il y a d'autres bonnes nouvelles pour Ariane 6, en particulier sur le continent européen. Si les gouvernements et les industriels tentent toujours de mettre la pression sur certains sous-traitants pour qu'ils baissent leurs coûts, la production des prochains exemplaires est en cours et va bon train. Et les derniers tests de l'étage supérieur ont pu avoir lieu ce printemps, avec une série réussie de prémises à feu du moteur Vinci, destinée à pousser son élément APU (Auxiliary Power Unit) dans ses retranchements, le tout en conditions dégradées. La prochaine fois que le Vinci s'allumera, ce sera à plus de 200 kilomètres d'altitude.

Le portique où sont mis à la verticale les boosters à poudre d'Ariane 6 (140 tonnes) © ESA / CNES / CSG / ArianeGroup / S.Martin

Le dénouement approche, et il reste un peu de marge. D'ici un mois environ, c'est la coiffe qui devrait prendre le chemin de l'ELA-4 flambant neuf, et si tout se passe bien d'ici là, les responsables donneront le feu vert pour le lancement. Il ne restera plus qu'à viser la bonne orbite… et à espérer qu'Ariane 6 déjouera les horribles statistiques qui grèvent les premiers lancements (Ariane 5, puis sa nouvelle version ECA n'y avaient pas échappé) grâce à ses nombreux tests au sol.

En cas de succès dès le mois de juin, il serait même envisageable qu'Ariane 6 puisse voler une deuxième fois en 2024. Car il ne faut pas s'y tromper, le décollage inaugural est une étape incontournable, mais la qualification officielle du nouveau lanceur européen n'est que le rouage le plus important. Ariane 6 fait partie d'une longue chaîne industrielle pour que l'accès à l'espace européen redevienne une réalité avec des cadences raisonnables. Et les clients, eux, sont nombreux et de moins en moins patients.

Si tout se passe bien avec le premier exemplaire de vol jusqu'ici, c'est aussi grâce à la longue période d'essais © ESA / M.Pedoussaut

Des changements de planning à cause de l'invasion de l'Ukraine

Pour combler les trous dans la disponibilité de lanceurs, les Européens (institutions comme clients privés) sont pour la plupart obligés de se tourner vers les Américains de SpaceX, qui ont été accommodants sur leurs calendriers. En témoigne le décollage il y a quelques jours d'une paire de satellites de géopositionnement Galileo.

Initialement, cette dernière devait décoller avec Soyouz au printemps 2022, mais la constellation européenne a fait les frais des blocages de part et d'autre après l'invasion de l'Ukraine. Il faudra du temps pour retrouver une certaine souplesse dans les créneaux de lancement européens, et là, il ne s'agira pas que d'Ariane 6, sa petite cousine italienne, Vega (et sa version Vega C), sera aussi concernée. Le retour de celle-ci n'est pas attendu avant septembre.

Ariane 6, c'est aussi les progrès de toute la chaîne industrielle amont, y compris le transport. Ici, le navire Canopée qui apporte les éléments de lanceur en Guyane © ESA / CNES / CSG / JM Guillon

Il y a cependant de bonnes raisons d'espérer. En effet, avec une nouvelle commande des institutions européennes pour de futures unités de la constellation Galileo, signée ce lundi, le manifeste de vol d'Ariane 6 compte désormais 30 vols. C'est une belle performance pour un lanceur que certains annoncent déjà comme dépassé !

L'avantage d'Ariane 6, ce sera surtout de pouvoir évoluer dans les années à venir. Si elle réussit le virage de sa mise en service, elle sera une clé importante pour l'accès à l'espace européen jusqu'au tournant de la prochaine décennie. Il ne s'agit plus de rattraper SpaceX, mais de montrer qu'il reste des arguments de performance et de coûts pour rester dans la course. La réponse dans moins de deux mois…

Source : ESA

2024-05-01T09:13:41Z dg43tfdfdgfd