OUVERTURE DU PROCèS PéNAL DE DONALD TRUMP : LA STRATéGIE DES FAITS CONTRE CELLE DE L’éMOTION

Ce lundi, Donald Trump s’est présenté dans le tribunal new-yorkais bondé, le visage impassible. Premier procès pénal d’un ancien président aux États-Unis, la portée historique de cet évènement n’a peut-être pas été pleinement saisie par les médias, tant les procès de l’ex-président se suivent et se ressemblent.

« Je suis le seul avec un bloc-notes », s’étonnait ainsi un journaliste à nos côtés dans la salle d’audience, tous ses collègues étant équipés d’ordinateurs portables. Cinq photographes de presse ont suivi l’entrée de Donald Trump dans la salle du tribunal, avant d’aller le photographier de très près, une fois celui-ci assis, montrant un visage sans aucune expression.

L’avocat de la défense, Todd Blanche, n’a pas désigné son client autrement que par les termes « le président Trump », tandis que du côté du ministère public, le procureur Juan Merchan s’est contenté d’un simple « M. Trump ». Les douze jurés se sont retrouvés pour la première fois face à la presse, après un processus de sélection qui aura pris plus d’une semaine. La plupart d’entre eux semblaient peu impressionnés par la forêt de caméras dressée devant eux, regardant droit vers le procureur, comme celui-ci leur en avait donné la consigne.

Affaire vertigineuse

« Cette affaire est celle d’un complot criminel et d’une dissimulation » a affirmé sans ambages Matthew Colangelo, l’un des procureurs chargés de l’affaire devant le jury, en ouverture du procès. D’un ton posé, il a récapitulé le déroulé des évènements qui avait suivi l’annonce de la candidature à l’élection présidentielle de l’accusé en 2016. Une séquence inaugurée par un rendez-vous à la Trump Tower, au cours duquel le magnat, l’avocat Michael Cohen et David Pecker, l’ancien PDG d’American Media et propriétaire de l’hebdomadaire people The National Enquirer ont « fomenté un complot ». Au cours de ces réunions, les trois protagonistes auraient échafaudé une machination : David Pecker se servait de son tabloïd afin de diffuser des articles louangeurs au sujet de Donald Trump, alors en campagne contre Hillary Clinton. Pire, en vertu d’une stratégie intitulée « catch and kill », l’homme de presse achetait les témoignages susceptibles de nuire au candidat à la présidentielle, qu’il ne publiait ensuite jamais.

Dans ce récit circonstancié des faits, les frasques sexuelles sont à peine évoquées. Donald Trump a plaidé non-coupable de l’accusation d’avoir maquillé les comptes de ses entreprises pour dissimuler un plan visant à influencer illégalement l’élection présidentielle de 2016. Détaillant les factures, les chèques et les rendez-vous au cœur des investigations, Matthew Colangelo n’a fait que préparer la piste pour aborder plus en profondeur la fameuse affaire Stormy Daniels, ancienne star du X et maîtresse de Donald Trump, dont celui-ci aurait tenté d’acheter le silence.

Visage impassible

Tout au long de cette journée, l’ancien président regardait d’un air absent devant lui, mais lorsque son avocat Todd Blanche a pris la parole en son nom, il avait le regard rivé sur le jury. « Le président Trump est innocent » affirmait son avocat, martelant chaque syllabe de son discours. « Il n’a commis aucun crime, le procureur de Manhattan n’aurait jamais dû porter l’affaire devant le tribunal ». Si d’un côté, l’avocat de la défense rappelait habilement la stature de son client, ne cessant de rappeler sa qualité d’ancien président, il a également tenté d’humaniser ce personnage « plus grand que la vie » auprès du jury.

La preuve selon lui ? Donald Trump faisait face à la justice et se défendait « comme n’importe quel citoyen le ferait », ajoutant qu’il était également « un homme, un mari, un père de famille. »

Initialement publié par Vanity Fair US

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